Chercheurs et enseignants-chercheurs, nous participerons à la manifestation du 5 avril convoquée par le collectif « Unis contre l’immigration jetable ».
D’abord parce que, en tant que citoyens, nous ne pouvons nous résoudre à voir les droits humains bafoués par une politique migratoire de plus en plus répressive, inhumaine et xénophobe (« rafles » de sans-papiers, arrestations et détentions d’enfants, traitements inhumains dans les centres de détention, privations de leur liberté d’expression lorsqu’ils se révoltent, projet d’allongement de la détention à 18 mois par la directive honte, développement de fichiers biométriques interconnectés comme Eloi, etc.). Au cours des cinq dernières années, 100 000 migrants sans papiers ont été expulsés. Cette politique touche, au-delà de la cible désignée des sans-papiers et des familles d’étrangers, l’ensemble de la population. Après avoir institué le ministère inique de l’immigration et de l’identité nationale,
Nous ne soutenons pas le cynisme avec lequel le gouvernement appelle à une « immigration choisie » alors qu’il traque les immigrés prétendument subis, ces femmes et ces hommes qui ont été victimes de la complexité et des restrictions des lois françaises (notamment les lois de 2003, 2006 et 2007 qui accroissent encore l’arbitraire préfectoral et restreignent le droit d’asile) ; ces gens qui, tenus par la peur, s’occupent d’enfants que les crèches n’accueillent pas, construisent des bâtiments, cuisinent ou trempent dans de grands restaurants. Avoir du travail sans le travailleur, tel est le slogan implicite qui nous est proposé, et dont la contradiction annonce la remise en cause permanente des droits de chacun.
Cette politique répressive touche non seulement les sans-papiers mais aussi les étrangers titulaires d’un titre de séjour et les Français. Pour chacun des sans-papiers piégés par des contrôles d’identité iniques, combien d’étrangers en règle ou de Français qui n’ont pas la bonne couleur de peau sont humiliés au quotidien ? Combien d’étrangers et de Français se voient refuser le droit d’épouser la femme ou l’homme de leur choix sous prétexte que leur amour n’est que de commodité ?
Mais nous le démontrerons aussi car, en tant qu’universitaires, nous ne tolérons pas que l’indépendance qui est à la base de notre métier soit remise en cause au quotidien.
D’une part dans nos recherches, dans lesquelles un pouvoir, qui ne cache pas sa xénophobie et son racisme, tente de s’immiscer. Le dernier exemple en date est le projet de création d’un « Institut d’études sur l’immigration » en octobre 2007, qui prétendait devenir un « guichet unique » pour les études sur le sujet. Les chercheurs auraient dû désormais s’adresser à un institut présidé par une personnalité connue pour avoir attribué les révoltes de l’automne 2005 à la polygamie des familles africaines ; un institut dont le conseil scientifique serait composé de quelques chercheurs accompagnés de hauts fonctionnaires et fonctionnaires (passés ou présents) de TF1, Total, Accor, Eiffage ou encore Renault ; un institut, enfin, qui dépendra non du ministère de la Recherche mais de celui de l’Immigration et de l’Identité nationale.
D’autre part dans l’enseignement supérieur, dont l’organisation est parasitée par l’intrusion de politiques xénophobes. Comment accepter qu’un organisme autre que l’université et ses professionnels décide de l’admission d’un étudiant ou de sa poursuite d’études, et qu’il se permette de juger de la cohérence de son cursus universitaire ? C’est pourtant ce que font les tout nouveaux Centres d’études en France, qui sélectionnent, dans les pays d’origine et à la place des universités, les étudiants que le gouvernement aura « choisis ». Pour ceux qui parviennent à s’inscrire dans une université française, leurs cursus universitaires sont ensuite contrôlés par les préfectures. Qui, sous prétexte d’une réorientation ou de quelques examens non validés, s’empressera de refuser le renouvellement des titres de séjour. Les étudiants étrangers n’ont donc pas le droit de se tromper ou d’hésiter. Quant à nous, leurs professeurs, nous voyons notre notation, destinée à accompagner les élèves puis à certifier leurs aptitudes, transformée en instrument des préfectures pour délivrer les personnes clandestines ou expulser.
Parce que les violations de plus en plus graves des droits des étrangers sont aussi, indirectement, une atteinte à notre indépendance professionnelle, nous nous joignons à l’appel du collectif « Unis contre une immigration jetable » non seulement en tant que citoyen. s, mais aussi en tant que chercheurs et enseignants-chercheurs, et appelons tous nos confrères à manifester le 5 avril.
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Premiers signataires :
Marie AMARA (Doctorante, Montpellier) Etienne BALIBAR (Professeur émérite, Université Paris X Nanterre) Mohamed BELAALI (Maître de conférences, Poitiers) David BENLIAN (Professeur émérite, Marseille) Jennifer BIDET (Doctorante en sociologie, Lyon) Philippe BOURDIN (Professeur des universités , Clermont-Ferrand) Philippe CORCUFF (Enseignant en sciences politiques, Lyon) Pierre COURS-SALIES (Professeur Université Paris 8) Saskia COUSIN (Enseignant-chercheur, IUT de Tours) Michel DELAMAR (Professeur Université Paris 7) Jean-Luc GAUTERO (Lecturer, Nice) Isabelle GONCALVES (Enseignant-chercheur Paris) Jean-Luc GODET (Enseignant, Angers) Claude JAMET (Enseignant, Serezin du rhône) Nicolas JOUNIN (Enseignant, Paris 8) Michel KOEBEL (Maître de conférences, Reims) Marie-Françoise LEBONNOIS (Psychologue, Cherbourg-Octeville) Annick MARECHAL (Professeur retraité, Elancourt) Denis MARECHAL (Thésard, Nîmes) Philippe MARLIERE (Potologue, Londres) Meryem MARZOUKI (Chercheur CNRS) Alain MORICE (Chercheur CNRS) Gérard NOIRIEL (Historien) Mary PICONE (Enseignant-chercheur, Paris) Cédric POCHIC (Chercheur CNRS, Paris) Ariel PROVOST (Professeur, Clermont-Ferrand) Emmanuelle SAVIGNAC (Anthropologue) Charles SOULIE (Maître de Conférences, Paris 8) Anne STEINER (Maître de Conférences en Sociologie, Paris) Jean- Pierre TERRAIL (Sociologue) Josette TRAT (Enseignant-chercheur en sociologie, Paris) Yann VACHER (Enseignant, IUFM de Corte) Annie VINOKUR (Professeur émérite) Loïc WACQUANT (Sociologue)Londres) Meryem MARZOUKI (Chercheur CNRS) Alain MORICE (CNRS Re chercheur) Gérard NOIRIEL (Historien) Mary PICONE (Enseignant-chercheur, Paris) Cédric POCHIC (Chercheur CNRS, Paris) Ariel PROVOST (Professeur, Clermont-Ferrand) Emmanuelle SAVIGNAC (Anthropologue) Charles SOULIE (Maître de conférences, Paris 8) Anne STEINER ( Maître de conférences en sociologie, Paris) Jean-Pierre TERRAIL (Sociologue) Josette TRAT (Enseignant-chercheur en sociologie, Paris) Yann VACHER (Enseignant, IUFM de Corte) Annie VINOKUR (Professeur émérite) Loïc WACQUANT (Sociologue)Londres) Meryem MARZOUKI ( Chercheur CNRS) Alain MORICE (Chercheur CNRS) Gérard NOIRIEL (Historien) Mary PICONE (Enseignant-chercheur, Paris) Cédric POCHIC (Chercheur CNRS, Paris) Ariel PROVOST (Professeur, Clermont-Ferrand) Emmanuelle SAVIGNAC (Anthropologue) Charles SOULIE (Maître de Conférences) , Paris 8) Anne STEINER (Maître de conférences en sociologie, Paris) Jean-Pierre TERRAIL (Sociologue) Josette TRAT (Enseignant-chercheur en sociologie, Paris) Yann VACHER (Enseignant, IUFM de Corte) Annie VINOKUR (Professeur émérite) Loïc WACQU ANT (Sociologue)Paris 8) Anne STEINER (Maître de conférences en sociologie, Paris) Jean-Pierre TERRAIL (Sociologue) Josette TRAT (Enseignant-chercheur en sociologie, Paris) Yann VACHER (Enseignant, IUFM de Corte) Annie VINOKUR (Professeur émérite) Loïc WACQUANT (Sociologue )Paris 8) Anne STEINER (Maître de conférences en sociologie, Paris) Jean-Pierre TERRAIL (Sociologue) Josette TRAT (Enseignant-chercheur en sociologie, Paris) Yann VACHER (Enseignant, IUFM de Corte) Annie VINOKUR (Professeur émérite ) Loïc WACQUANT (Sociologue )