NE Transigez Pas Avec la Loi de L’éTranger

Cette analyse de 50 organisations chrétiennes fait référence à la version du projet de loi présentée en Conseil des ministres le 29 mars 2006 .
Deux ans après la dernière loi sur l’immigration, le gouvernement veut réformer le Code d’entrée et de séjour des étrangers et des demandeurs d’asile (CESEDA) « pour lutter contre l’immigration subie, favoriser l’immigration sélectionnée et une intégration réussie ». L’immigration est ainsi reconnue officiellement pour sa contribution à notre société et des mesures devraient favoriser l’intégration, ce qui demande des efforts de part et d’autre. Nous sommes bien conscients qu’un tel sujet est complexe et que la responsabilité des législateurs est très lourde de décider dans l’intérêt général. Nous souhaitons donc exprimer nos alertes.

En privilégiant l’immigration « choisie » sur l’immigration dite « endurée » contre laquelle il faudrait lutter, se dessine un recul des droits liés au respect de la vie familiale et à l’accueil des demandeurs d’asile. Ce projet veut d’une part attirer des étrangers talentueux et compétents, ou utiles pour répondre à certains besoins en main d’œuvre, mais d’autre part augmenter les obstacles pour ceux qui doivent bénéficier des conventions signées par la France sur les droits fondamentaux. Le durcissement des procédures et les multiples allongements de délais mettront en péril la solidité des couples avec des effets importants sur leurs enfants. Le projet désespère les milliers d’étrangers présents depuis longtemps en France, « sans papiers », à l’heure où il ouvrirait le marché du travail.

Cette réforme s’inscrit volontairement dans une perspective utilitariste. Les étrangers perçus comme nécessaires à l’économie seront acceptables en France, la personne humaine et sa situation personnelle devenant secondaires et ses droits restreints. Il est de notre devoir de chrétiens de rappeler que l’homme doit toujours être au cœur de nos choix et que la loi vise toujours à protéger les plus faibles. Les premiers à « subir » la migration sont ceux qui sont poussés sur les routes de l’exil, contraints la pauvreté et la mauvaise gouvernance. Le bien commun, qui ne se limite pas à nos frontières, nécessite de marquer une priorité réelle et proclamée de développement, notamment pour que personne ne soit contraint d’émigrer contre son gré. L’aide au développement dans le monde et l’accueil des étrangers sont devenus des responsabilités majeures qui nécessitent une solidarité accrue et une remise en cause de nos modes de vie. En tant que citoyens et chrétiens, nous ne pouvons accepter la vision d’une société centrée sur elle-même, ni donc cette vision de l’homme qui va à l’encontre de notre tradition et de nos convictions pour le bien commun.

Motivés par la solidarité et la défense des plus faibles, en partenariat avec de nombreux membres de la société civile, nos organisations, mouvements, associations et services chrétiens refusent que des mesures de plus en plus contraignantes plongent des milliers d’hommes et de femmes dans la précarité et le désespoir.

Nous estimons donc nécessaire de sensibiliser, d’appeler à la vigilance, à l’information sur ce projet de loi aux dispositions inquiétantes.

Nous nous engageons à agir pour que notre société porte un regard différent sur l’immigration.

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